The Mamas & The Papas - If You Can Believe Your Eyes And Ears

# The Mamas And The Papas - If You Can Believe Your Eyes And Ears (1966)

If You Can Believe Your Eyes And Ears

Lorsqu’en 1966, alors que les Beatles et autres groupes britanniques avaient envahi l’Amérique, seuls quelques rares groupes, comme The Beach Boys ou The Byrds arrivaient à les concurrencer commercialement (mais aussi musicalement) parlant. Mais depuis peu un petit groupe se fait connaître, ils sont quatre, deux femmes et deux hommes, chose assez rare pour l’époque, et ce sont The Mamas And The Papas. Un groupe dit “vocal” de folk-rock et de pop psychédélique très représentatif du mouvement de contre-culture des années 60, qui se démarque surtout par ses harmonies vocales très élaborées.

Et lorsqu’ils sortent leur premier album et les singles qui en sont extraits, alors on comprend que John, Denny, Cass et Michelle ne sont pas là pour déconner. Ou peut-être que si ? Parce qu’il faut constater que l’on a simplement l’impression d’entendre un groupe d’amis chanter tant leur voix se mélangent si bien ensemble. Alors installez-vous confortablement, censurez les toilettes de la pochette parce que ça ne correspond pas au good christian boys and girls values of america:tm:, et savourons cet album qui mérite toute la gloire qu’on lui donne.

L’album démarre ainsi avec une chanson très “beatlesienne”, Monday, Monday se démarquant par de jolies petites harmonies et une fausse fin qui est assez efficace pour nous donner une bonne grosse dose d’endorphines quand ça repart. Seule chanson du groupe ayant réellement atteint la première place dans les charts, c’est pourtant celle qu’ils aiment le moins, et on peut le comprendre ; les paroles sont quand-même un peu ridicules puisque c’est juste quelqu’un qui n’aime visiblement pas le lundi et qui pleure quand le jour arrive. On enchaîne ensuite avec Straight Shooter, une chanson bien plus rock, plus énergique et tout aussi agréable. Got A Feelin’ est, elle, assez anecdotique. La chanson n’est pas mauvaise, les chœurs sont toujours aussi réussis et forment une ambiance un peu planante, mais la chanson n’a pas vraiment d’élément qui la démarque, c’est donc surtout un titre qu’on écoute et apprécie, puis qu’on oublie. I Call Your Name, reprise de la chanson des Beatles du même nom, est une véritable réussite, et elle est peut-être même mieux que l’originale. L’arrangement rappelant les années 40 est parfaitement réussi et maîtrisé, la voix de Cass est simplement magistrale et puis, une fois n’est pas coutume, les chœurs sont sublimes. Do You Wanna Dance est tout simplement une réussite. Très acoustique, la chanson est soutenue par ses chœurs et prend presque la forme d’un slow. Avec Go Where You Wanna Go, le groupe retrouve ses racines folk qui ont rassemblées ses quatres membres ; il en résulte une chanson avec une mélodie et un arrangement parfait, des paroles très bien construites et une complexité dans le mélange des chœurs qui lui donne un côté très technique et frénétique, surtout dans le refrain.

La seconde face du disque se lance. Et ainsi démarre LA chanson la plus connue du groupe, et sans aucun doute l’une de leurs meilleures : California Dreamin’. De sublimes paroles, une mélodie magnifique avec un solo de flûte aux petits oignons, et sans doute l’une des harmonies les plus abouties du groupe. Le contraste entre le “chœur” (qui est un duo) de Cass et Michelle qui font écho à la voix de Denny et John donne une puissance et une conviction à ce morceau qui ne peut être plus mémorable. Spanish Harlem suit ce chef-d’œuvre et contraste nettement avec ce dernier : une ambiance planante, une mélodie reposant en grande partie sur la ligne de basse, quelques percussions discrètes et un violon joué au synthé qui donne des frissons. Somebody Groovy est, comme son nom l’indique, une chanson groovy. La mélodie est moins complexe ici, mais on ressent dans les voix du groupe une joie et une énergie - on ressent l’ambiance de la chanson, vraiment. La très bluesy Hey Girl suit, et c’est comme toujours très efficace, tout comme You Baby, les deux chansons étant très bien mais marquant moins que les autres, à mon humble avis. L’album touche à sa fin avec In Crowd, surplombée par la voix magnifique de Cass Elliot, des chœurs toujours aussi bons et un jeu de claviers incroyable. Ainsi se conclut l’album.

Alors, que penser, au final, de If You Can Believe Your Eyes And Ears ? En réalité, pas grand chose, si ce n’est que c’est excellent ; le style du groupe s’affirme ici en force et ne cessera de se développer et de s’améliorer à partir d’ici dans les 4 autres albums qui suivront. Toutes les chansons se valent et sont toutes appréciables pour une chose : les chœurs et harmonies qui ne sont réalisées qu’à quatre (bien qu’elles soient parfois dédoublées lors du mixage), mais ça ne veut pas dire qu’elles sont toutes pareilles ! Chacune offre sa propre ambiance et mélodie interprétée par les génialissimes membres du Wrecking Crew, un groupe de musiciens de sessions qui a enregistré pour des centaines d’artistes.

Seul point négatif en revanche mais qui ne concerne pas vraiment l’album, le mix stéréo est terrible (comme la plupart des mixes stéréo des années 60), les cuts sont audibles et tout est soit dans l’oreille gauche, soit dans l’oreille droite, donc à écouter en mono si vous le pouvez.

NOTE FINALE : 10/10

(et oui, les toilettes ont vraiment été censurées de la pochette parce que jugées “"”indécentes”””)

Written on October 10, 2021